Il suffit d'accentuer légèrement la gravité de la crise sociale que nous vivons en France, de décaler la perspective d'un infime degré et nous y sommes. Dans la boue jusqu'au cou, un flingue entre les mains, à cavaler de tranchées en tranchées. Rose le pense en tout cas, même si elle ne le formule pas de cette façon. Rose est tatoueuse. Elle vit à Sainte-Messe-des-Vosges, une ville lorraine un peu sordide. Elle pratique le sarcasme avec nonchalance. Les temps sont durs : des épidémies ravagent le pays, les émeutes pullulent, la police est en roue libre, en bref, tout fout le camp. Mais la population continue à vivre normalement, comme si de rien n'était, et Rose itou. C’est par la bande dessinée que cette situation est abordée dans Rose et les tatoués, à travers les conversations d’une galerie de personnages naviguant dans des milieux oscillants entre la scène musicale et la culture underground. On croisera la route d'étranges personnages : Jean-Benoît, bonne poire, M. Karl, mystérieux propriétaire, un duo de musiciens au service de la country musique, Michel, Dom Juan local, etc. Et Rose soignera son cynisme en tombant amoureuse. Enfin, nous le lui souhaitons.