Gilles Rochier
Gilles Rochier, la cinquantaine, auteur
de bande dessinée, vit en cité depuis sa plus tendre enfance. Ainsi, derrière l’introspection
personnelle de son œuvre principalement autofictionnelle, se révèle en
filigrane la radiographie unique de l’évolution des banlieues sur ces quarante
dernières années. Enfant des grands ensembles, autodidacte, l’auteur s’empare d’autant
plus facilement de ce monde clos qu’il l’arpente depuis toujours. Véritable
électron libre évitant le discours militant, il n’en reste pas moins un citoyen
en mouvement, qui se confronte dès qu’il le peut au public « empêché » (prison,
HP, hôpital) comme à celui des écoles, via des ateliers. Ce qui caractérise l’approche
de Gilles Rochier, c’est le besoin de se représenter pour appréhender son
environnement. Témoin de papier, ses dialogues, qui sentent le vécu, immergent immédiatement
les lecteurs dans ce quotidien. Cette oralité ciselée, qui joue le mot comme on
joue le ballon, au phrasé intuitif, rythmé et franc, fait d’ailleurs écho à un
sens du détail très sensible dans le dessin. Le trait, les motifs récurrents,
les cadrages, témoignent en effet d’une connaissance minutieuse du terrain, et
permettent aux récits de slalomer perpétuellement entre le petit détail
parabolique et le grand tableau paysagiste, la cage à lapins et les grands
ensembles, l’individuel et le collectif. Qu’elles soient autobiographiques ou
plus fictionnelles, sérieuses ou farfelues, ses histoires s’ancrent perpétuellement
dans un cadre au réalisme étonnamment palpable, parfois écrasant. C’est en
racontant sobrement, à son échelle, que Gilles Rochier témoigne, sans se
prétendre messager, ni se présenter en victime. Alors que le trait évolue de
livre en livre, 40 ans défilent et cernent une vie plus que jamais
indissociable de ces grands ensembles. Un sentiment qu’encouragent assurément
la silhouette, le bonnet et la paire de Nike de l’auteur, allégorie
perpétuellement présente qui arpente ce monde, les pieds solidement ancrés sur
la terre bitumée. Des premiers fanzines, qu’il réalise seul dans sa chambre,
aux ouvrages plus conséquents publiés dans le circuit classique, des livres
personnels aux collaborations, Gilles Rochier dépeint les mutations sociétales.
Chez 6 Pieds sous terre :
Envrac - coll. Plantigrade, 2002
Dernier étage - coll. Lépidoptère, 2005
Temps mort - coll. Monotrème, 2008
TMLP - coll. Monotrème, 2011
Prix Révélation Angoulême 2012
La Cicatrice - coll. Monotrème [mini], 2014
La Petite couronne - coll. Monotrème, 2017
Sélection Officielle du Festival d'Angoulême 2018
En attendant (avec Fabcaro) - coll. Asterozoa, 2018
Faut faire le million - coll. Monotrème, 2022
Chez d’autres éditeurs :
Impact (avec Deloupy), Casterman, 2020
Message de service, Ion, 2020
L’autre con (avec Nicolas Moog), Rouquemoute, 2020
Solo, Casterman, 2019
En roue libre (avec Nicolas Moog et Jiip Garn), Casterman, 2018
Tu sais ce qu'on raconte, Warum, 2017
Bastion, Ion, 2016
Je suis au Rize, l'épicerie séquentielle, 2016
Les frères Cracra, éd. Jarjille, 2009
Love and that fucking duck, éd. Groinge, 2008
Dunk, Chicken & blood - éd. Groinge 2008
40075km comics (Collectif), L’employé du mois, 2007
Thony Banco - Avec Jacques Des Portes, éd. du Taupinambour, 2006
Fabuleux Furieux ! - Hommage en Freak Style (Collectif), Les requins Marteaux, 2004
Numéro 7 (La belle vie), avec Jonathan Larabie, 2002
Fanzine "Envrac" (22 numéros depuis 1996)
Demain je vais à Metz, éd. Le goûteur chauve
Récits dans diverses petites revues :
"Tonton", "Circé", "Stéréocomics", "Mycose", "Jade", "Comix club", "Igor"