Ici-bas, à Sassafras County, les choses suivent sereinement leur cours. Dans les hautes branches, les cardinaux rouges chantent, la salsepareille fleurit en bouquets épineux et parfumés, et le rapide pour Green Valley arrive toujours à l’heure. Souhaitant profiter de l’allégresse ambiante, Millborough coiffe son chapeau, corrige dans le miroir l’angle
du noeud papillon à sa chemise, sort de la maison et, d’un pas décidé, entreprend l’ascension de la Grande Question Existentielle. Déambulation bucolique dans un Midwest idéalisé, aux graphismes post-Crumbiens étincelants, Les choses de la vie marque le lecteur tant par son acuité aux questions existentielles que par son humour un brin désespéré.
Christoph Mueller joue également la carte expérimentale, usant du format “strip” tout en longueur pour questionner les possibilités du langage de la bande dessinée, use d’anamorphoses, de séquences muettes, de plans multiples et aventureux et d’ellipses inter-strips pour créer un rythme en accord avec l’ambiance du récit. Un exercice à la fois brillant et passionnant.