Dans un futur proche où une étrange maladie, la calcification, touche de nombreux hommes, deux jeunes frères, Camille et Aniel, s’engagent dans les nouvelles structures de soin mises en place, tout en tentant d’apaiser leur propre histoire familiale.
Dans le monde dans lequel Camille a grandi, les Moaïs n’encombrent plus les rues. Une vaste révolution des moeurs a permis à l’Etat et à la société civile de s’attaquer à ce problème. la calcification, cette mystérieuse maladie qui transforme certains hommes en statue de pierre, populairement appelées Moaïs, est enfin traitée. On tente de soigner ceux qui peuvent encore l’être dans de vastes dispensaires d’un genre nouveau. Le père de Camille et Aniel est l’un d’eux. Aniel, le grand frère de Camille, est l’un des premiers porte-étendards de cette nouvelle génération d’hommes que le mal ne semble plus toucher. À peine adulte il s’est engagé pour le « Grand déblaiement Moaï » et travaille maintenant dans un des dispensaires accueillant les derniers malades. Depuis peu, Camille n’a plus de nouvelles de lui, il décide de partir à sa recherche et, à son tour, de participer au grand déblaiement. les Moaïs sont des hommes, souvent âgés, qui se sont emmurés dans leur fierté virile. Parce qu’ils se coupent de leur vulnérabilité et de leurs émotions pour garder la face, la calcification les envahit, les coupant de leurs proches, et finalement de la vie. Ils deviennent progressivement d’immenses statues de pierre, inamovibles, encombrant villes et maisons et polarisant la société.
Dans Les pierres de famille, récit doucement fantastique mais fortement traversé de symboles et métaphores, Gwenaël Manac’h aborde avant tout la question de la masculinité toxique et tente sa déconstruction. il raconte à hauteur de regard de deux jeunes frères faisant face à cette réalité, le travail à faire sur soi et vers les autres, les confrontations familiales, et suit le fonctionnement d’un dispensaire d’un nouveau genre, de ses soignants et des familles touchées par ce phénomène.
Après La Cendre et le Trognon, qui s’attachait à cartographier les héritages familiaux que l’on porte en soi, Gwenaël Manac’h continue, dans Les pierres de famille, de dépoussiérer les us et coutumes du monde qui nous traverse et imagine les chemins de révolutions intérieures.