Ainsi s’ouvre le nouveau livre de Denys Moreau : un matin au réveil, une partie de la soirée précédente échappe à la mémoire du narrateur. il est assailli par de terribles symptômes touchant aussi bien au corps qu’à l’esprit. Dans son lit se trouve... Lucrèce. Enfin métonymiquement, puisque c’est le texte De la nature des choses qui partage ses draps. Vous l’avez compris, notre conteur a la gueule de bois, confirmant ainsi le titre : Lendemain de cuite avec Lucrèce. Il nous emmène naviguer dans le texte philosophique (avec des vrais morceaux de Lucrèce dedans), slalomant entre les affres de son indisposition, et menant une enquête digne d’un épisode du commissaire Maigret. Si le suspense qui tend l’intrigue préserve entièrement le mystère, la chute relève d’une logique implacable. Après l’hilarant Spinoza, un kif compliqué, où il partage sa lecture douce-amère de l’Éthique de Spinoza, Denys Moreau repart à l’attaque d’une autre figure monumentale de la philosophie. De rerum natura, ou en langage plus commun, De la nature des choses est pour sûr un grand texte, un long poème de tradition épicurienne qui contiendrait même les réponses à toutes les questions de l’univers. « De quoi est faite la matière ? doit-on craindre la mort ? Comment fonctionnent les orages ? » Mais bien sûr, De rerum natura s’attaque aussi à des questions moins évidentes au premier abord, comme par exemple : « les centaures existent-ils ? » Notre narrateur ne perd pas une miette de ce trésor de sagesse, et ceci dans des conditions extrêmes de lutte contre un mal ancien dont même Lucrèce avait connaissance !